Introduction


 Voici deux heures que Caleb avait découvert ce vieil hôpital abandonné, ses compagnons l’y avait rejoint, après avoir fouillé le désert ensemble toute la journée. Ils avaient décidé de passer la nuit ici, après qu’Edard eu débarrassé le secteur de la dizaine de zombies qui avaient décidé d’y élire domicile.

Loryne fut la première à briser le silence pesant :
-« Nous sommes les derniers survivants de la ville, c’est un fait, mais nous ne sommes pas encore mort ! »
-« Question de temps…. » Répondit Véran.
Un bref rire nerveux parcouru l’assemblée, avant que Caleb ne prennent la parole à son tour:
-« Notre fouine à raison, nous n’avons pas encore exploré l’immensité de ce désert, peut être derrière cette dune se cache une autre ville qui n’attends plus que nous ! »
-« C’est vrai ! Nous n’avons pas encore testé tous les plans que nous avons découverts ! » Surenchéri Marbeg
-« De plus nous n’avons toujours pas retrouvé les corps de tous nos camarades disparus dans le désert, c’est donc soit que nous avons mal cherché, soit qu’ils ont trouvé une autre issue ! » dit Joris, avec un léger sourire au coin des lèvres.
-« Une issue ? Mais rien ne survit dans ce désert mis à part les rats et les ermites ! » S’écria Edard, passablement énervé.
-« L'ennui dans cet outre monde, c'est que les idiots sont sûrs d'eux et les gens sensés pleins de doutes » rétorqua Joris
-« Tu me traites d’idiot là ? » Demande Edard
-« Non, non, j’aurais voulu le faire je t’aurais dit que le désert à ses limites, mais que la bêtise des gardiens est infinie ! »
D’un bond, Edard se leva et empoigna Joris au cou avant de commencer à le soulever du sol. Aussitôt Marbeg et Caleb, se jetèrent sur lui pour lui faire lâcher prise, mais sans grand succès. La rage déformait le visage du gardien, et ses yeux lançaient des éclairs presque aussi meurtriers que ses bras. Le teint du pauvre Joris commençait à virer du rouge au bleu, Loryne se mit alors à crier
-« EDARD ! Cela suffit ! Lâche le maintenant ! »

Ce dernier regarda autour de lui, s’apercevant que ses compagnons étaient tous en train de le dévisager, il lâcha l’ermite qui s’effondra sur le sol. Joris inspira longuement, puis roula sur lui-même pour s'éloigner d’Edard.



Loryne continua:
« Ah vous aimez les citations ! Alors je vais vous en donner moi aussi !
Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir ensemble comme des idiots, vous en voulez d’autre ?
La violence est le dernier refuge des incompétents, je peux aussi vous citer…. »
Caleb lui posa alors calmement sa main sur l’épaule, et secoua la tête lentement, Loryne se tut alors et partit s’accroupir près du feu , sans dire un mot de plus. Edard s’assit à son tour rouge de honte, Véria caressait affectueusement son bichon qui s’était réfugié sous une couverture, Marbeg entreprit de faire l’inventaire des outils parsemés dans sa salopette, Joris s’assit un peu à l’écart et ouvrit son livre d’ermite afin d’y consigner ses pensées. Caleb était désemparé, ce n’était absolument pas dans son tempérament de diriger un groupe, mais une limite semblait avoir été franchie, et il fallait ressouder le groupe rapidement.

L’éclaireur se racla la gorge avant de dire d’une voix blanche :
-« Loryne a raison, nous ne pourrons réussir à survivre que si nous travaillons ensemble. Je ne sais pas ce que demain nous réserve, mais une chose est sure si nous continuons ainsi nous ne le découvrirons jamais ! »
Il attendit quelques secondes avant de reprendre :
-« Il y a peut être une issue ou une autre ville, ou peut être qu’il n’y a que le désert et les zombies, mais pour ma part je ne baisserai pas les bras tant qu’il me restera une once de sable à fouiller! Libre à vous d’abandonner, mais dans ce cas prenez votre livre, votre bouclier, votre pelle, votre clef à molette ou votre bichon, et partez seuls dans le désert…. »
Caleb s’assit à son tour près du feu, relevant sa capuche sur sa tête, et attendit. Dans quelques instants soit l’abcès allait se crever, soit il allait se retrouver seul dans ce triste hôpital abandonné.

Ses compagnons, la tête basse, regardaient tous leurs chaussures, à nouveaux perdus dans leurs pensées. Seul le crépitement du feu troublait maintenant le silence de la nuit.


Ne pouvant plus se retenir, Véria releva sa tête, avant de dire :
-« Hors de question que je parte seule dans le désert, je risquerai de tomber face à un zombie-gardien, et je n’aurais pas assez de salive pour lui expliquer que je ne fais que passer ! »
Un ange passa, et tous guettèrent la réaction d’Edard, qui se leva avant de dévisager chaque membre du groupe un à un, et de ramasser son bouclier. Il s’éloigna du feu de camp en direction de Joris, qui observa attentivement le gardien, légèrement indécis et pas vraiment rassuré. Les autres membres du groupe se levèrent, prêts à intervenir.

 Edard prit alors son bouclier à deux mains avant de prononcer ces quelques mots :
-« Tiens mon ami, prends mon bouclier et frappe ma têtu caboche avec, jusqu’à ce que toute ma bêtise en ressorte ! »
Joris sourit, puis frappa gentiment Edard avec son livre d’ermite
-« Ton bouclier est trop lourd pour moi, je préfère utiliser mon livre ! »
Tous les compagnons partirent d’un grand éclat de rire, brisant l’insoutenable tension.

Caleb visiblement soulagé que leur situation s’arrange enfin prit à nouveau la parole :
-« Ne pas savoir ce que l’avenir nous réserve est très inquiétant, cela crée des tensions entre nous, mais ne nous trompons pas d’ennemis, ce sont les zombis que nous devons combattre, tout autre bataille serai vaine. »
Les compagnons se regardaient légèrement embarrassé, Edard baissa la tête, il était conscient de s’être trompé de cible, Joris ne faisait pas le fier non plus car il savait qu’il avait dépassé certaines limites.
Caleb continua :
-« Chacun  de nous a subi de terribles épreuves avant de se retrouver ici, je vous propose, afin de mieux nous connaître et pour peut être commencer à nous faire confiance, que nous racontions notre histoire à tour de rôle. Vous pouvez nous conter un souvenir important ou bien un moment traumatisant, que cette anecdote soit vraie ou non importe peu, ce qui compte c’est qu’elle nous permette de savoir qui vous êtes. »

Véria serra son bichon contre sa poitrine, elle semblait soudain extrêmement occupée à toiletter son chien. Edard était quand à lui, absorbé par la contemplation de ses chaussures. Loryne observait le feu comme si plus rien d’autre n’existait autour d’elle, Marbeg avait découvert un point de rouille invisible sur sa clef à molette, et il s’échinait à le faire disparaître avec sa salopette. Seul Joris semblait encore présent, il regarda un à un chacun de ses compagnons, avant de répondre :
-« C’est une bonne idée Caleb, mais je ne suis pas certain qu’elle emballe réellement tout le monde ! »
Loryne rougit légèrement, Marbeg et Edard rentrèrent leur tête dans leurs épaules, Véria cessa de s’occuper de Leon mais ne parla pas pour autant.
Joris baissa alors la tête, mais reprit néanmoins la parole :
-« Bon... Très bien... Comme j'ai commencé à envenimer la situation, il est normal que je sois le premier à raconter mon histoire….
Je vais vous décrire les circonstances qui ont fait que je suis devenu un ermite et pourquoi je parcours toujours le désert à la recherche de réponse à mes questions. J’espère qu’après avoir entendu mon histoire vous me jugerez digne de confiance. »